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Les rouges et les noirs de Knopfler

De Cyril LEFEBVRE

Guitare et Clavier : décembre 1982

Comment as-tu acquis un tel style ?
En jouant. J'ai toujours rêvé d'être guitariste comme d'autres veulent devenir pilote de course ou capitaine au long cours. A 9 ans, je n'avais pas encore de guitare, mais je jouais de la raquette de tennis devant l'armoire à glace. Comme je suis gaucher, je la tenais à l'envers et ma soeur aînée me disait : "Mais non, une guitare, ça se tient de l'autre côté !".

Tu es gaucher, mais tu joues comme un droitier, sur une guitare de droitier.
A 14 ans, à l'école, je prenais des cours de violon et il fallait le tenir "normalement". Quand j'ai commencé la guitare, j'ai repris naturellement les positions apprises. Le fait d'être gaucher n'a pas influé mon style. Peut-être une plus grande dextérité (si l'on peut dire) de la main gauche ? Je n'en suis pas sûr. J'avais 15 ans quand mon père m'a offert cette première guitare. C'était une solid body électrique copie Fender.

 

Elle était rouge ?
Oui, c'est devenue une manie mais au départ, c'était un goût. J'aime les guitares rouges. Peut-être à cause des Shadows. Je crois qu'Hank Marvin posait avec une Fender rouge sur les pochettes de disques.

 

Première influence : les Shadows !
En tout cas, le premier morceau que j'ai essayé de jouer, l'oreille collée contre la guitare, c'était Apache. J'avais une guitare électrique mais pas d'ampli, le poste TSF paternel avait été sérieusement abîmé par mes essais d'amplification dès le premier jour. Ma soeur chantait au pub et quand je l'accompagnais, j'empruntais une guitare sèche.

 

Tu jouais avec un médiator à l'époque ?
Là, nous revenons à une partie de mon style : la technique main droite. A 15 ans, j'avais deux techniques. Je pensais que la guitare électrique se jouait avec un médiator et la guitare sèche avec les doigts. Comme je jouais plus au pub qu'à la maison - faute d'ampli -, c'est la technique guitare sèche qui a évolué le plus vite. D'abord, toutes les cordes grattées avec tous les doigts de la main droite, puis pouce et index alternés, basse-accompagnement, puis j'ai découvert Blind Blake et le style piano-rag sur la guitare. Le pouce effectue des "rolls", ne tombe pas systématiquement sur les temps et les contretemps. Tout devient plus complexe. A 17 ans je me suis aperçu que le pouce pouvait aller au delà de la corde Ré et effectuer les trémolos réservés au médiator. Même sur la guitare électrique, tout devenait plus sophistiqué et plus facile. En fait, j'ai acquis ce style à la main droite empiriquement. J'ai écouté, mal assimilé, et surtout transgressé ce que j'entendais.

 

Qui écoutais-tu à l'époque ?
Everly Brothers, Blind Blake, Blind Willie McTell et tous les guitaristes ragtime, B.B. King - le disque s'intitulait "Live At The Regal", j'étais fasciné par trois choses dans cet enregistrement : le chant, la guitare et le public. Cela reste toujours valable aujourd'hui. Et puis Lonnie Johnson. Là, je suis tombé amoureux de la fluidité de son jeux : en orchestre, en duo avec Eddie Lang et surtout seul, fabuleux ! Sur le premier album "Dire Straits", on sent encore cette influence : la corde Mi grave descendue en Ré pour la rythmique et les cordes aiguës jouées en accords comme des riffs de section de cuivre. Je crois que ce jeu en accords assoit une grande partie de mon style. Maintenant, quand je monte sur scène, il y a une rythmique basse batterie guitare et les claviers (il y en aura deux pour la prochaine tournée) pour les riffs.

Ton jeu s'est donc amplifié ?
Oui et non. Mes connaissances musicale sont plus importantes, notamment grâce à l'étude des claviers. Maintenant, lorsque j'écoute un guitariste à la radio, je ne me demande plus comment il fait, je connais les accords qu'il utilise, je comprends facilement comment sa musique fonctionne. Ma musique devient plus sophistiquée et plus simple à la fois. C'est peut-être pour cette raison que dans le dernier disque de Dire Straits, l'écriture et le chant deviennent si importants.

 

Pour la tournée "promo" du dernier disque, tu as une Gibson Chet Atkins et une Schecter. Tu possèdes d'autres guitares ?
La Gibson, je viens juste de l'avoir : au départ, c'est un peu surprenant mais en moins d'une demi-heure, tu te dis que c'est vraiment une merveille. J'ai quatre Schecter, deux rouges, une Sunburst et une "Telecaster" Schecter noire. J'ai aussi une Fernandes bleue, manche jaune tout neuf, équipée de micros 1954, une Stratocaster 1961 rouge, une Telecaster Custom Sunburst des années 60, une Gibson Les Paul Cherry Red Double Cutaway très rare, une Erlewine Automatic fabriquée au Texas par le luthier qui fournit ZZ Top. Cette guitare est monstrueuse, on l'appelle "The Pig". J'ai aussi quatre Ovation, deux Adamas six et douze cordes, une Custom Legend et une cordes Nylon, puis deux National des années 30, une Tri-plate et une style O gravée de cocotiers et d'un canoë : ce sont mes préférées.

 

Tu utilises toutes ces guitares sur les disques et sur scène ou est-ce simplement une collection ?
Hal Lindes possède aussi de très belles guitares. Sur scène, on les aligne derrière nous, c'est fabuleux. Je change d'instrument presque pour chaque chanson parce qu'à chaque fois, il faut un son différent. Dans Industrial Disease, on a passé l'Erlewine dans l'harmonizer, on croirait qu'elle grogne. Tout l'accompagnement de Portobello Belle est joué sur la National Style O, on entend la Tri-plate dans Telegraph Road et sur au moins quatre titres de chaque album Dire Straits. Je l'utilise aussi pour l'enregistrement avec Dylan.

 

Tu joues toutes ces guitares accordées normalement ou en open ?
Classique et open "low bass" (Ré, Sol, Ré, Sol, Si, Ré). Il y a longtemps, je m'accordais aussi en Mi ouvert mais cela ne me convient pas. J'utilise très souvent l'accord en Sol : Romeo And Juliet, Southbound, Set Me Up, Watch Your Love...

 

Sur Watch Your Love, tu joues avec un bottleneck ?
En 1970, j'accompagnais un guitariste nommé Steve Phillips dans un club de Leeds. Il avait une vieille National et jouait slide et à plat. Il m'a appris cette technique. J'ai un slide en laiton mais je n'en joue pas trop en ce moment.

 

Quelles cordes utilises-tu ?
Des Dean Markley Custom Light sur les électriques et des cordes Ovation sur les Ovation.

 

Quels sont les guitaristes que tu aimes écouter actuellement ?
Il y en a beaucoup que j'aime bien mais je ne sais pas trop qui citer. Peut-être le guitariste des Stray Cats, il semble fantastique. Ah oui ! le type qui joue avec les B-52's : une simplicité et une efficacité remarquables pour l'accompagnement. Mais le seul que j'écoute vraiment c'est Django Reinhardt, il est à des kilomètres devant tous les autres.