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 Un parfum de Dire Straits

Le point - 22.09.2000


Disque - Mark Knopfler, le chanteur-guitariste-compositeur-producteur du célèbre groupe, revient discrètement avec « Sailing to Philadelphia », l'album-solo d'un artiste bien dans ses baskets.

par Sacha Reins 

Il a le son de Dire Straits, les compositions cristallines de Dire Straits, le lyrisme de Dire Straits, les envolées de guitare de Dire Straits, la voix du chanteur de Dire Straits, mais ce n'est pas Dire Straits. Qu'est-ce que c'est ? Le nouvel album de Mark Knopfler, autrefois chanteur-guitariste-compositeur-producteur et leader (dictateur ?) du groupe susnommé. Lorsque la star d'un groupe mondialement célèbre enregistre en solo - en prenant le risque de tuer la poule aux oeufs d'or -, c'est souvent pour s'engager dans une voie artistique différente ou pour se séparer de compagnons qu'elle ne supportait plus. Ce n'est pas le cas ici.

Alors ? « Dire Straits était devenu une machine énorme, soupire l'intéressé. La dernière tournée, gigantesque, a dépassé ce que je pouvais supporter. Trop de camions, trop de personnel, trop de problèmes qui n'avaient plus rien à voir avec la musique. Je dépensais toute mon énergie à faire avancer cette machine et je me suis senti bloqué artistiquement. » Il revient aujourd'hui affranchi, pour toujours (dit-il), de ce nom devenu trop populaire et aspire à un chemin artistique tranquille, émaillé de petites tournées dans de petites salles. La dernière, en compagnie des Notting Hillbillies, où officiait un autre traumatisé de la gloire, George Harrison, l'ex-Beatles, s'était déroulée dans des bars. Impossible de faire plus petit ! « C'est vrai qu'à mes débuts j'aspirais à devenir une rock-star, dit-il. Mais j'en ai marre, tout cela est tellement dérisoire et réducteur ! Le succès est rassurant, surtout quand on ne fait pas de concessions pour l'obtenir, mais la célébrité est négative. Je viens de terminer la musique d'un film pour Robert Duvall, une autre pour un dessin animé. En fait, contrairement à ce que vous pouvez penser, je ne me suis jamais arrêté de travailler, mais je choisis des projets qui ne m'obligent pas à monter en première ligne. J'aspire à me maintenir dans un certain anonymat. »

Un discours sincère et d'autant plus facile à tenir que son auteur est milliardaire et, reconnu comme un des plus grands guitaristes de notre époque, n'a plus rien à prouver à personne. Son album « Sailing to Philadelphia » possède la sérénité et l'assurance décontractée de l'oeuvre qui a été conçue sans urgence et sans pression par un artiste bien dans sa peau. « Je ne suis pas de ceux qui fonctionnent mieux dans le stress », dit-il. On y entend deux invités de marque, Van Morrison et James Taylor. Le premier est un ami de longue date et le second attend que Mark Knopfler accepte de le produire pour un album entier. « Je le ferai s'il se remet vraiment au travail et recompose pour lui, dit Knopfler, mais il est un peu paresseux. »

L'année prochaine, Mark Knopfler partira peut-être en tournée. Il faut qu'on la lui promette pépère, sans trop de camions ni de fans en délire. Mais que se passerait-il si Mark Knopfler devenait aussi célèbre que Dire Straits ? Il se fige. « Je n'avais pas pensé à cela. » Et il réfléchit. « Naaaan, impossible. Tout a changé. Pour les mômes qui achètent des disques et qui vont en concert, je suis un vieux machin sans intérêt. Non, pas de risques que cela se produise, je suis tranquille. Vous m'avez fait peur. » Mais a-t-il pensé à Santana ? Ce vieux hippie vétéran de la campagne de Woodstock qui, à la surprise générale, est devenu le numéro un mondial et la nouvelle idole de la génération mtv ! Il semble réellement catastrophé. « Ne me parlez pas de malheur », bougonne-t-il en prenant congé. Je sens que je lui ai gâché sa journée. C'est malin !